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Assegas Amegaz, bonne année 2012 sur AVIFRANCE |
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De très grandes figures de résistants amaziɣ se sont imposés dans l’histoire.
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Ces rois berbères sont :
- l’ambitieux Massinissa
- Micipsa
- Jugurtha
- Juba I
- Juba II
- Tacfarinas, chef de guerre
- etc
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Des femmes également ont combattu. Il s’agit principalement de la célèbre reine Kahina : un personnage légendaire de l’histoire des Berbères. Plus près de nous, Lalla Fatma N’Soumeur « prophétesse berbère » de la tribu des Illilten en Kabylie algérienne, est souvent oubliée mais elle aussi est une véritable combattante berbère : dans les années 1850-1855, elle a organisé la résistance armée contre la colonisation française en Grande Kabylie.
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Massinissa
Monnaie à son effigie
sur lesquelles il porte le diadème et la couronne laurée
Massinissa est le fils du roi Gaïa :
Massinissa :
Mas nsen : « leur seigneur » en berbère
· né en –238 , mort en –149 à l’âge de 90 ans
· Roi des Numides orientaux
· Elevé à Carthage, il fut d’abord l’allié des Carthaginois, avec lesquels il combattit Syphax, roi des Numides occidentaux, puis les Romains en Espagne. Ce sont les tribus massyles qui ont donné la puissance à Massinissa jusqu’à en devenir un grand roi.
· Puis il participa à la victoire de Rome face à Carthage dans le but de libérer la Berbérie de l’emprise du pouvoir carthaginoise.
Vers –206, il noua des intelligences avec le général romain Scipion et seconda désormais les Romains dans leur lutte contre Carthage ; grâce à leur appui, il put faire prisonnier Syphax (–203), dont il épousa la femme, Sophonisbe (carthaginoise, fille du général Hasdrubal). Scipion désapprouva ce mariage parce qu’il voulait faire paraître Sophonisbe à son triomphe mais Massinissa, pour épargner cette honte à la princesse numide, lui envoya du poison.
· Il commanda la cavalerie à Zama, où il contribua beaucoup à la victoire (–202) et devint le plus puissant souverain de l’Afrique du Nord, imposant son autorité depuis la frontière tunisienne jusqu’à la Moulouya. Ce grand roi berbère étendit largement la civilisation punique mais ouvrit aussi son royaume aux influences helléniques. Il régna sur toute la Numidie pendant 60 ans et construit des villes de 5000 habitants.
· Massinissa est un grand indépendantiste. Son projet politique le plus cher fut l’ « unification de tous les royaumes numides » (L’Afrique du Nord). Contre les étrangers, qu’ils fussent Phéniciens ou Romains, il proclamait, assure Tite-Live, que l’Afrique devait appartenir aux Africains. C’est lui qui lança le slogan « l’Afrique aux Africains ».
· A sa mort, sur ses fils encore vivants, trois seulement sont nés d’épouses légitimes : Mastanabal, Micipsa, Gulussa. Massinissa veut transmettre son trône à son fils aîné mais les Romains vont s’immiscer dans les affaires politiques.
· Dix ans après sa mort, on lui éleva un temple à Dougga en Constantine.
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A 37 ans, Massinissa devient un des plus puissants souverains du monde, et grâce à lui la Numidie entre glorieusement dans l’histoire universelle. Pendant le demi-siècle que dure son règne, il travaille à faire des deux royaumes numides réunis un véritable Etat qui pourra lui survivre. Il encourage l’agriculture, persuadant les nomades de travailler la terre, car il est plus facile de lever des impôts sur des paysans sédentaires que sur des éleveurs à l’esprit indépendant, toujours prêts s’enfuir et à se rebeller contre le pouvoir central. Certes, avant lui, la Numidie était déjà un pays agricole prospère, mais Massinissa augmente encore la surface des terres cultivées, des champs de blé et d’orge, mais aussi de grands vergers de figuiers et d’oliviers. Lui-même donne l’exemple en créant un domaine royal important. A sa mort, il lèguera à chacun de ses fils encore vivants une propriété de 850 hectares, avec tout le matériel nécessaire à l’exploitation. Lorsque Rome a besoin de blé pour nourrir son armée, c’est en Numidie qu’elle l’achète, ainsi que les éléphants pour la guerre, et les lions et les panthères pour les jeux du cirque dont le peuple raffole. En même temps, les villes numides s’agrandissent et s’ornent de monuments ; les bourgs fortifiés se multiplient pour protéger le paysans contre les incursions de tribus nomades restées rebelles, ou qui lancent des raids depuis les confins du pays. Massinissa possède une armée, une flotte et fait frapper des monnaies de bronze à son effigie sur lesquelles il porte le diadème et la couronne laurée. Il vit à Cirta, sa capitale, dans l’ancien palais de Syphax.
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Micipsa :
Après la mort de Mastanabal et Gulussa, Micipsa hérita du royaume et régna pendant 30 ans (148- 118 av J-C).
Il adopta son neveu Jugurtha (le fils de Mastanabal) comme son propre fils.
Micipsa continua l’œuvre de son père, embellit la capitale et attira vers la Numidie des Grecs cultivés pour propager, à travers le pays, les arts et la culture.
La puissance de la Numidie unifiée inquiéta Rome, qui accentua la pénétration et obligea Micipsa à partager le royaume en indivis entre ses 2 fils Hiempsal I et Adherbal (ses fils légitimes) et son neveu Jugurtha (son fils adoptif).
Rome va connaître un adversaire redoutable : JUGURTHA (ou Yugurthen qui signifie yugar iten « le plus fort d’entre eux »). Beau, intelligent, habile à utiliser les faiblesses de ses adversaires, il est un personnage de premier ordre.
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Jugurtha :
· né en –160, mort en –104 à Rome
· Roi de Numidie de –118 à –105
· Fils illégitime de Mastanabal, le plus jeune des fils de Massinissa, il fut élevé à la cour de son oncle Micipsa qui, à sa mort (–118), partagea ses Etats entre ses deux fils, Hiempsal et Adherbal, et Jugurtha. Ambitieux, rusé et cruel, impatient de régner seul, Jugurtha fit égorger Hiempsal. Adherbal demanda la protection de Rome mais Jugurtha acheta les sénateurs romains et obtint en –116 un nouveau partage du royaume. Envahissant ensuite les Etats d’Adherbal, il s’empara de Cirta (–113), tua Adherbal et massacra les marchands romains installés à Cirta.
· Jugurtha, petit fils de Massinissa, lutta contre Rome pendant 7 ans de –112 à –105. Il gagna de nombreuses victoires soit par la force soit par la ruse. Il donnait de l’argent, corrompait les sénateurs avec l’or africain.
Jugurtha fut vaincu en –107 par un général romain Marius avec la complicité de son beau-père Bocchus (le roi des Maures) lequel trahit Jugurtha et le livra à Sylla (général et homme d’état romain, questeur de Marius) en –105.
· Jugurtha est emprisonné à Rome, meurt de faim et de soif dans un cachot en –104.
· Jugurtha voulait déromanisé la Berbérie en chassant toute présence étrangère. Il a réussi à créer un Etat berbère centralisé contre Rome et Carthage.
« Pour Jugurtha, écrit Jean Amrouche, vivre c’est rester souple, pour faire face aux circonstances changeantes ». Parce que les autres ont le pouvoir de changer les circonstances au gré de leurs intérêts et à Jugurtha il ne revient que de s’y adapter.
Le problème est que Jugurtha est coincé dans un dilemme : il s’exclut s’il veut rester soi ; s’il participe, il se renonce.
César (empereur romain) élargit les possessions vers l’Ouest et engloba Bonne Hippône, le Sud Tunisien et Guelma (Aurès). C’est la première avancée de la civilisation.
En récompense, Bocchus reçut une partie de la Numidie jusqu’à l’Est d’Alger avec le titre d’allié et d’ami du peuple romain. L’Ouest a été laissé à la famille de Massinissa.
Après la chute de Jugurtha, les Romains placent son frère, Gauda (roi de – 104 à – 88), sur le trône massyle. Le royaume connaît la paix pendant dix-sept ans. Ce n’est qu’en 88 avant J-C, au moment où Gauda meurt et où lui succède son fils Hiempsal II, que des troubles font de nouveau vaciller la couronne massyle.
A Rome, la guerre civile sévit entre le parti populaire de Marius et le parti aristocratique de Sylla. Lorsque Marius s’empare du pouvoir à Rome, l’agitation atteint l’Afrique du Nord et Hiempsal est renversé au profit de son frère, Hiarbas, favorable aux idéaux démocratiques.Tandis que l’ordre revient à Rome, avec le retour de Sylla au pouvoir, la situation ne change pas chez les Massyles jusqu’à l’intervention d’un jeune général proche de Sylla, Pompée, qui bat Hiarbas et rétablit Hiempsal II (roi de – 88 à – 68) sur son trône. Les princes n’oublieront pas ce qu’ils doivent à Pompée.
En 68 avant J-C, Juba succède à son père sur le trône massyle.
Les crises qui éclatent à Rome ont une fois de plus des répercussions en Afrique du Nord. En 50 avant J-C, commence une guerre civile entre les deux proconsuls, César et Pompée, deux hommes aussi ambitieux l’un que l’autre. Juba Ier choisit le camp de Pompée.
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Juba I :
· Fils de Hiempsal II
· Roi de Numidie de – 68 à – 46, du parti de Pompée.
· Battu par César à Thapsus (46 avant J-C), il se donna la mort.
De nombreux Berbères ont été romanisés après avoir été punicisés. Ils ont encouragé la domination. Le plus connu est JUBA II qui a été élevé à Rome et marié à la fille de Cléopâtre (reine d’Egypte) et Antoine. Il était l’intermédiaire entre les Berbères et Rome. La capitale s’appelait Caesarea (Cherchell).
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Juba II :
· Fils de Juba Ier
· Elevé par la nièce de Jules César, Octavie, Juba avait reçu l’éducation soignée de tout enfant appartenant à l’aristocratie romaine.
· Il fit ses premières armes aux côtés d’Octave. En –31, il participa à la bataille d’Actium à l’issue de laquelle Octave bat la reine d’Egypte, Cléopâtre VII, et le général romain Marc-Antoine, ancien époux d’Octavie.
· Roi de Maurétanie de –25 à 23 après J-C :
Seul maître de l’Empire et conscient des difficultés que provoquerait pour Rome le maintien de l’Afrique du Nord sous le joug romain, Octave-Auguste, confiant dans l’intelligence et dans la loyauté de Juba, lui offra, en 25 avant J-C , la couronne de Maurétanie. Le royaume correspond à l’actuel Maroc et à une partie de l’Algérie.
· Devenu roi, Juba II s’intalla à Iol (actuellement Cherchell) à laquelle il donna le nom de Caesarea en hommage à Octave Auguste, le nouveau César. Sous son impulsion, Caesarea, ville presque aussi étendue que Rome, devint une superbe cité et une plaque tournante du commerce méditerranéen. Temples, jardins, théâtre vinrent embellir la ville.
· Il épousa Cléopâtre-Séléné (fille de Cléopâtre VII et de Marc-Antoine) en – 19.
· Auteur en grec d’ouvrages d’histoire :
Juba II écrivait des ouvrages consacrés à l’histoire, à l’archéologie, au théâtre, à la peinture… Cette frénésie de savoir le conduisait à s’intéresser à tous les domaines : les astres, la flore, la faune, la géographie. Juba II avait su réunir dans l’harmonie toutes les composantes de la culture méditerranéenne, et il s’était appliqué à les diffuser. Il sera pour son peuple l’objet d’un culte jusqu’au IVe siècle.
Juba et Séléné
Juba II avait pour nom Caius Iulius Iuba, son fils celui de Caius Iulius Ptolemaeus, et Séléné, qui pourrait avoir adopté le nom de son père, serait une Antonia.
Juba et Cléopâtre-Séléné, tous deux enfants de vaincus furent élevés sans doute ensemble à la cour d’Octavie, sœur d’Octave et première épouse d’Antoine. Juba, âgé de cinq ou six ans lors de la défaite de son père, avait fait partie du cortège triomphal qui célébra la victoire écrasante de Jules César sur les Pompéiens et leurs alliés en 46 avant J-C. Quant à Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre VII et de Marc Antoine, elle figurait, après la disparition de ses parents, au triomphe organisé par Octave en 29. C’est ainsi que, seule survivante des enfants de la grande reine, elle reçut une éducation romaine à la cour impériale.
Malgré la perte de leurs royaumes, les deux enfants n’en conservaient pas moins le prestige qui s’attachait à leur lignée et au rang élevé qu’ils avaient tenu. C’est ainsi que Juba restait le seul prince numide de sang royal et n’oublia jamais la gloire de ses ancêtres. La renommée qui entourait le nom de la princesse était plus brillante encore : non seulement ses parents avaient été des personnages de premier plan, qui jouèrent un rôle fondamental, tant à Rome qu’en Orient, mais elle-même, encore enfant, s’était vue dotée du titre royal : Antoine l’aurait nommée reine de la Cyrénaïque, l’actuelle Lybie, tandis que sa mère et ses frères recevaient d’autres territoires. Cette répartition des royaumes orientaux entre les enfants de Cléopâtre eut lieu en 33 avant J-C, à Alexandrie, au cours d’une cérémonie fastueuse qui dut laisser des traces brillantes dans la mémoire de la toute jeune princesse.
L’union d’un prince numide avec une princesse égyptienne de la maison de Marc Antoine, offrait des avantages politiques évidents : elle mettait un terme, d’une manière discrète encore, bien éloignée des prises de position fracassantes que prendra Caligula, quarante ans plus tard, à la condamnation de la politique antonienne, c’est-à-dire, finalement, à des mois d’une guerre que Florus jugerait sans doute à la fois civile et étrangère.
Elle établissait enfin une continuité entre les deux grands ensembles de l’Empire, jusqu’alors gérés selon des principes différents. Les souverains étaient préparés à ce rôle d’intermédiaires entre deux civilisations qu’Auguste voulait leur faire jouer : Cléopâtre-Séléné, grecque d’origine et issue des pharaons d’Egypte, avait reçu une éducation romaine, tandis que son époux, attaché par sa famille à l’Occident, montrait un goût passionné pour l’hellénisme.
Certains indicent amènent à situer ce mariage vers 19 av. J-C : Juba II et Séléné sont tous deux nés autour de l’année 50, et la première monnaie émise aux noms des deux souverains et portant la date R.A.VI (= Regni anno VI) pourrait célébrer l’année de leur mariage, puisque Juba monte sur le trône en 25 av. J-C. Ce denier est le seul à proposer une datation avant les séries qui suivent la mort de Séléné, et sur lesquelles l’année du règne de Juba II apparaît désormais avec régularité (à partir de l’an XXX/5 ap. J-C).
Cléopâtre-Séléné exercait une grande influence sur le roi de Maurétanie. De nombreuses statues d’origine égyptienne ornaient les lieux publics de Caesarea et les croyances égyptiennes connaissaient un développement certain dans tout le royaume berbère.
Lorsqu’un fils nacquit, en – 5, Juba II et Séléné donnèrent au jeune prince berbère le nom de Ptolémée, en hommage à ses ancêtres égyptiens.
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Monnaies sous le règne de Juba II
Ptolémée :
· Fils de Juba II
· Roi de Maurétanie de 23 à 40 après J-C
· En 24 il participa à l’écrasement de Tacfarinas qui troublait, depuis bien des années, l’ordre et la tranquilité du royaume maurétanien et de la province romaine d’Afrique. Dans les années suivantes, le roi changea d’attitude : il mit de plus en plus en avant ses origines africaines, berbères et égyptiennes, au détriment des repères grecs et romains chers à Juba II.
· PTOLEMEE qui acceptait mal la domination romaine fut tué par Caligula lequel a annexé tout le royaume.
Les deux hommes – Ptolémée et Caligula – sont tous les deux petits-fils de Marc-Antoine. Alors que Ptolémée règne sur la Maurétanie, à Rome Caligula devient empereur. Il tue Ptolémée en 40 après J-C. Ce crime permet à Caligula de s’emparer de l’immense fortune de Ptolémée et des richesses du royaume maurétannien.
A l’annonce de la mort du roi, un soulèvement a lieu. Plusieurs mois seront nécessaires à l’armée romaine pour venir à bout de la résistance des Berbères, très attachés aux princes de leur dynastie.
Tacfarinas :
· Tacfarinas est un insurgé qui a entraîné beaucoup de tribus avec lui. Il a été traité de brigand et de bandit par les Romains car il pillait les biens des riches.
· Il a deserté, quitté l’armée romaine. Il devient un général commandant de la région des Aurès. Roi de la région des Aurès, il entraînait ces peuples contre les dominants.
Contemporain de Ptolémée, Tacfarinas dirigea la révolte des Numides contre l’impérialisme romain ; sous le règne de Tibère. Dès l’année 17 de notre ère, il livra une guerre sans merci aux armées romaines. Cette lutte indépendantiste dura 8 années.
Le guerrier Mazipsa, combattit à ses côtés. Malgré les demi-défaites de Tacfarinas ; la guerre sanglante entre les Numides et Rome ne prit fin qu’en l’année 24, dans la bataille que lui livra le pré-consul Donabela en Auzia (Aumale), où Takfarinas trouva la mort au champ d’honneur comme le voulait la tradition numide.
Tacite consacre à Tacfarinas une place importante dans les livres II et III de ses Annales et malgré le ton méprisant qu’il emploie envers le chef Numide, la personnalité de celui-ci en sort grandie.
Tacfarinas tint tête à César, à qui il envoya des ambassadeurs. César, refusa ses revendications, argumentant que même celles de Spartacus n’avaient pas été prises en considération.
Tacfarinas s'adressant à Juba II, Roi de la Mauritanie césarienne :
"Qu'as-tu à faire avec les Romains, dis-moi ?
Ton père a perdu son trône au cours de leurs disputes ! Toi, ils t'ont enchainé pour te montrer, esclave, devant le char de César ! Et tu nommes Caesarea, ta capitale ! Tu ne crois pas que ton sacrifice a assez duré ? Est libre celui qui veut l'être ! Es-tu de la race des pantins pour te montrer ainsi guidé par les Césars ? Trop de mollesse, Juba, trop de compromissions ! Relève la tête, retrouve le sang de tes ancêtres , celui de Jugurta."
Dihya :
Reine amazir qui a combattu l’invasion arabe.
Au VIIe siècle, elle résista aux troupes du général Arabe Hassan. Entre son amour pour Khaled, le neveu de son ennemi et son implacable désir de victoire, elle incarne le destin d’une femme exceptionnelle qui, jusqu’à la mort, commanda aux hommes, des montagnes de l’Aurès aux plaines de l’oued Nini.
Dihya est surnommée Kahina par les Arabes.
Abandonnée par les sédentaires qui voulaient sa perte, la Kahina fut vaincue. On voit près de Bir-el-Ater, sur la piste entre Tébessa et Négrine, un puits qui porte le nom de Bir-el-Kahina. Ce n’est pas là que la reine a été tuée contrairement à ce que certains affirment. On évoque ce puits de Kahina car durant l’invasion arabe, la reine avait empoisonné tous les puits pour faire fuir ses ennemis venus occuper son territoire et camper sur son territoire.
Cette femme chevauchait à la tête de ses armées, les cheveux couleur de miel lui coulant jusqu’aux reins. Vêtue d’une tunique rouge, elle était d’une grande beauté. Devineresse, cette passionaria berbère tint en échec, pendant cinq années, les troupes de l’Arabe Hassan.
Kahina était une femme très libre et avait une intelligence d’esprit inconsidérable. Kahina était une guerrière berbère qui voulait unifier toutes les tribus berbères nomades et sédentaires.
La malédiction de Kahina :
Avant de mourir, la Kahina aurait proféré une malédiction sinistre : « Ici règneront la terreur et les pleurs. Massacres, tueries et viols se succéderont sans discontinuer tout au long des siècles, empêchant le pays de sortir de l’enfer dans lequel il s’engouffre. »
Kahina est morte en reine digne. Elle ne s’est pas suicidée contrairement à ce que certains affirment. L’ennemi lui a tranché la tête avec un sabre. Après sa mort, l’ennemi aurait prononcé la phrase suivante : « Ce n’était qu’une femme ».
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Le plus célèbre roi amazigh de l'Antiquité
Massinissa, dont le nom était transcrit MSNSN sur les stèles libyques -à lire probablement mas n sen "leur seigneur"- était le fils du roi Gaïa.
On connaît très peu de choses de Gaïa mais on sait que sous la direction de ce souverain, le royaume massyle avait commencé à atteindre un haut degré de civilisation, mais Syphax, le roi des Massaessyles rivaux, n'avait pas cessé de le harceler, s'emparant, à chaque fois qu'il le pouvait, de ses villes et territoires. Rome soutenant Syphax, Gaïa s'était allié aux Carthaginois. Il leur fournit, en échange de leur protection, des troupes que le jeune Massinissa commanda en
Espagne, à partir de 212 ou 211 avant J.C. jusqu'à l'automne 206, avec de fréquent: voyages en Afrique. La guerre ne tarda pas à tourner en faveur des Romains. Les Carthaginois, battus à Ilipa, perdirent leurs possessions en Méditerranée. Le général Scipion qui commandait l'armée romaine en Espagne, songeait à porter la guerre en Afrique, mais il voulait, auparavant s'assurer le soutien des royaumes numides. Il avait déjà gagné l'amitié de Massinissa, avec lequel il avait passé accord secret, puis il se rendit en Afrique pour tenter de convaincre Syphax de joindre à l'alliance. Mais le roi massaessyle, ayant eu vent de l'accord avec Massinissa, s'était déjà rapproché de Carthage.
Gaïa mourut cette année là et la royauté passa, la règle de succession des royaumes amazighs, au mâle le plus âgé de la famille, son frère Oezalcès. Celui-ci ne tarda pas à mourir à son tour. Un de ses fils, Capusa, lui succéda un homme sans envergure qui vit aussitôt se dresser contre lui un certain Mazetul qui devait appartenir à une à une branche rivale de la famille. Capusa fut tué au cours d'un combat mais Il ne prit pas le titre de roi. Il le conféra au frère de Capusa, Lacumazes, qui était un enfant. Or le trône devait revenir cette fois-ci à Massinissa, devenu l'aîné des enfants de la famille. Le jeune homme, se sentant lésé, quitta l'Espagne, avec une troupe de cavaliers, décié à faire valoir ses droits.
Lucamazès appela Syphax à son secours. Le puissant roi massaessyle chassa Massinissa mais, en retour, il annexa le royaume massyle.
Massinissa, réfugié dans les montagnes, avec une poignée de fidèles, connut une vie de proscrit. Il ne continua pas moins à harceler ses ennemis et les hommes de Syphax ne réussirent pas à venir à bout de lui.
Son heure arriva quand Scipion, décidé à en finir, avec Carthage, débarqua en Afrique. Le rusé Romain essaya une nouvelle foi, d'attirer Syphax jetant de nouveau l'alliance proposée, il se tourna de nouveau vers Massinissa, Les premiers combats tournèrent en faveur des deux alliés Ces derniers, encouragés par leurs succès, s'attaquèrent à Uttique, place forte carthaginoise, mais l'intervention de Syphax, les obligea à se retirer. ils prirent leurs quartiers d'hiver et Scipion, en cachette de Massinissa, entra de nouveau en contact avec Syphax. Faute de le détacher des Carthaginois, il lui demanda de proposer une solution pour mettre fin au conflit entre Rome et Carthage. Syphax proposa que les Carthaginois évacuent l'Italie, où ils sont en campagne, en échange les Romains quitteraient l'Afrique. Si le général Asdrubal, qui commandait les Carthaginois accepta l'offre, Scipion, qui voulait en fait la reddition pure et simple de la Cité punique, la rejeta.
Massinissa et Scipion reprirent leurs attaques, obligeant cette fois-ci les troupes puniques à se replier sur Carthage. Syphax, lui, ne voulant pas perdre plus d'hommes, se retira dans son royaume.
Les Carthaginois, comprenant que les Romains ne leur laisseraient pas de répit, décidèrent, après avoir adopté une attitude défensive, de passer à l'offensive. Ils levèrent une forte armée qui, rejointe par Syphax, donna l'assaut. Ce fut la bataille des Grandes Plaines (avril 203 avant J.C) qui s'acheva par la victoire des forces coalisées de Massinissa et de Scipion.
Il y eut un répit au cours duquel chaque camp reconstitua ses troupes, puis la guerre reprit. Un combat s'engagea entre Massinissa et Syphax, et ce dernier, entouré par de nombreux soldats, était sur le point de l'emporter, quand l'armée romaine intervint. Jeté à terre, Syphax fut arrêté. On l'enchaîna et on le conduisit sous les murs de Cirta qui, voyant son roi en piteux état, décida de se rendre. Massinissa, après plusieurs années d'errance, put ainsi reprendre le royaume de ses pères.
Carthage, vaincue, fut obligée de signer une paix qui la priva d'une grande partie de ses territoires et de sa flotte. Le retour de Hannibal, qui avait mis fin à la campagne d'Italie, souleva les espoirs de la Cité.Un incident rompit bientôt la paix et la guerre reprit.
Hannibal s'allia à Vermina, le fils et successeur de Syphax et, ensemble, ils envahirent le royaume des Massyles. Massinissa et Scipion les rejoignirent à Zama (soit l'actuelle Souk Ahras, en Algérie, soit Jama, en Tunisie) et une grande bataille s'engagea (202 avant J.C). Le choc fut rude et il y eut des pertes des deux côtés, puis la bataille tourna à l'avantage de Massinissa et de Scipion. L'historien latin Tite-Live fait un récit très imagé de cette bataille :
"Un combat singulier s'engage entre Massinissa et Hannibal. Hannibal pare un javelot avec son bouclier et abat le cheval de son adversaire. Massinissa se relève et, à pied, s'élance vers Hannibal, à travers une grêle de traits, qu'il reçoit sur son bouclier en peau d'éléphant. Il arrache un des javelots et vise Hannibal qu'il manque encore. Pendant qu'il en arrache un autre, il est blessé au bras et se retire un peu à l'écart... Sa blessure bandée, il revient dans la mêlée, sur un autre cheval. La lutte reprend avec un nouvel acharnement, car les soldats sont excités par la présence de leurs chefs. Hannibal voit ses soldats fléchir peu à peu, certains s'éloignent du champ de bataille pour panser leurs blessures, d'autres se retirent définitivement. Il se porte partout, encourage ses hommes, abat par-ci, par-là ses adversaires, mais ses efforts demeurent vains. Désespéré, il ne pense qu'à sauver les restes de son armée. Il s'élance en avant, entouré de quelques cavaliers, se fraie, chemin et quitte le camp de bataille. Massinissa qui l'aperçoit se lance avec son groupe derrière lui. Il le presse, malgré la douleur que lui cause sa blessure, car il brûle de le ramener prisonnier. Hannibal s'échappe à la faveur de la nuit dont les ténèbres commencent à couvrir la nature."
Carthage fut de nouveau contrainte à négocier. Mais le précédent traité fut révisé et la cité punique dut restituer à Massinissa tous les territoires qui avaient été arrachés à ses ancêtres. Hannibal se révolta et essaya de s'opposer au traité mais menacé d'être livré aux Romains, s'enfuit en Syrie où il se suicida en 143 avant J.C.
Après la bataille de Zama, Massinissa vécut encore de nombreuses années. Il garda sa vie durant l'amitié de Rome mais il ne fut pas son vassal et, contre ses appétits impérialistes, déclara, dans une formule célèbre, que l'Afrique appartenait aux Africains. Il récupéra non seulement les territoires que lui accordait le traité passé avec Carthage mais aussi de nombreuses villes régions sous l'autorité des Carthaginois ou Vermina, le fils de Syphax. De 174 à 172, il occupa soixante dix villes et forts !
L'oeuvre sociale et politique de Massinissa fut aussi grande que son oeuvre militaire. Il sédentarisa les amazighs, il les unifia, il édifia un Etat Numide puissant et le dota d'inscriptions, inspirées de celles de Rome et de Carthage. Il fit une monnaie nationale, entretint une régulière et une flotte qu'il mit parfois au de ses alliés romains.
Massinissa qui était un rude guerrier, encouragera la littérature et les arts, envoya ses enfants étudier en Grèce et reçut à sa cour de nombreux écrivains et artistes étrangers. C'était un homme courageux, qui garda jusqu'à un âge avancé, une grande vigeur. Il pouvait rester une journée entière à cheval et, comme le dernier de ses soldats, supporter toutes les privations. Il avait quatre vingt huit ans quand il commanda une bataille contre les Carthaginois. Le lendemain, Scipion Emilien le trouva debout, devant sa tente, mangeant un morceau de galette, qui formait son repas.
Mais il savait aussi se comporter en souverain raffiné, portant de riches vêtements et une couronne sur la tête, donnant, dans son palais de Cirta, des banquets où les tables étaient chargées de vaisselle d'or et d'argent et où se produisaient les musiciens venus de Grèce.
Massinissa avait combattu les Carthaginois mais il ne dédaigna guère la civilisation carthaginoise, dont il sut tirer avantage. La langue punique fut sage courant dans sa capitale où on parlait également, en plus du amazigh, les langues grecque et latine.
Il eut plusieurs épouses et un nombre considérable dont quarante trois mâles. La plupart disparurent avant lui mais il en resta, à sa mort, une dizaine. Il aimait les enfants et il gardait autour de lui ses petits-enfants. Un marchand grec, étant venu acheter des singes en Numidie, pour distraire les riches, il dit "Les femmes de votre pays, ne vous donnent-elles pas des enfants ?"
Massinissa fut célèbre dans tous les pays de la Méditerranée et l'île de Delos, en Grèce, lui éleva trois statues. Vers la fin de sa vie, il voulut s'emparer de Carthage pour en faire sa capitale. Les Romains qui redoutaient qu'il n'acquière une puissance encore plus grande que celle des Carthaginois et qu'il ne se retourne contre eux, s'opposèrent à ce projet. Caton, attirant l'attention sur le danger que représentait Massinissa, lança sa célèbre formule: "Il faut détruire Carthage! "
Ce fut de nouveau la guerre en Afrique et, après d'âpres combats, Carthage fut livrée aux flammes, puis au pillage. Les survivants furent réduits en esclavage et la ville fut entièrement rasée (149 avant J.C). Massinissa, mort quelques temps plus tôt, n'avait pas assisté à la chute de la ville convoitée. Ses sujets, qui l'aimaient, lui dressèrent un mausolée, non loin de Cirta, sa capitale, et un temple à Thougga, l'actuelle Dougga, en Tunisie.
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Jgurtha est le petit-fils du roi numide Massinissa dont le tombeau se trouve à Cirta (actuelle Constantine) et qui fut un grand allié de Rome durant les guerres puniques (il recevra le titre d'« ami de Rome »). Son père est Mastanabal, frère de Micipsa, tandis que sa mère est une esclave concubine. Comme il s'agit d'un successeur potentiel — le fils légitime de Mastanabal, Gauda, étant maladif —, Micipsa, roi de Numidie à l'époque, veut se débarrasser de Jugurtha en l'envoyant en Hispanie (actuelle Espagne) combattre avec les troupes auxiliaires de l'armée romaine. Jugurtha se montre brave et courageux et les armées numide et romaine sont victorieuses à Numance. Jugurtha se fait beaucoup d'amis à Rome — non seulement grâce à sa valeur mais aussi, quand il le faut, grâce à son argent — et c'est peut-être suite à des pressions des Romains que Micipsa finit par l'adopter trois ans avant sa mort, ce qui en fait l'un des héritiers du pouvoir. Après sa mort, le royaume est partagé entre ses fils Adherbal et Hiempsal et son fils adoptif Jugurtha.
Jugurtha, qui ne veut pas voir le royaume de Numidie divisé de cette manière, n'accepte pas la décision du sénat numide. En outre, ses cousins ne l'apprécient guère et ne se privent pas de railler son ascendance peu glorieuse. La même année, Jugurtha fait assassiner Hiempsal, le plus jeune des deux frères. Le sénat ne paraît pas offusqué par cet étrange décès et la Numidie est alors partagée entre Adherbal et Jugurtha. Les deux hommes continuent néanmoins à se faire la guerre jusqu'en 113 av. J.-C., date à laquelle Adherbal est assassiné par Jugurtha. En outre, ce dernier s'empare aussi de la cité de Cirta, massacrant les commerçants romains qui s'y trouvent. Rome accepte mal que ses ressortissants se soient fait massacrer ainsi et n'apprécie guère le fait que Jugurtha veuille mettre en place un royaume de Numidie fort et uni. Le consul Calpurnius est alors envoyé en Afrique du Nord et le conflit dure jusqu'en 111 av. J.-C. (date à laquelle Jugurtha accepte de faire la paix).
À Rome, les avis sont divisés sur la question numidienne : les optimates considèrent que la Numidie doit rester un royaume indépendant, les populares considérant au contraire que la Numidie est une propriété du peuple romain. Jugurtha est alors convoqué devant le Sénat romain. C'est alors que le consul Postimius Albinus propose de régler le problème en donnant la couronne à Massiva, un cousin de Jugurtha. Ce dernier tue alors Massiva puis s'enfuit. Les hostilités reprennent alors. Postimius Albinus ayant été vaincu par Jugurtha à la bataille de Calama, il est remplacé par un nouveau consul, Quintus Caecilius Metellus qui gagnera son surnom de Numidicus au cours de cette guerre. Ce dernier est secondé par le consul Caius Marius soutenu par les populares (Caecilius Metellus étant le patron de Marius). Caecilius Metellus sort victorieux, s'emparant des villes de Zama et Thala et repoussant Jugurtha en Maurétanie. Cependant, il est relevé de son commandement en 107 av. J.-C. au profit de Marius. Ce dernier remporte alors de nouvelles victoires contre Jugurtha à Cirta et à Capsa (actuelle Gafsa).
Jugurtha emprisonné par les Romains : gravure provenant d'une édition espagnole du Bellum Iugurthinum (La Guerra de Jugurta por Cayo Salustio Crispo) imprimée à Madrid par Joaquin Ibarra en 1772Par la suite, en 105 av. J.-C., Jugurtha est capturé par son beau-père Bocchus, roi de Maurétanie, qui accepte de le livrer à Rome[2]. Finalement, Bocchus reçoit le titre d'« ami de Rome » et la Numidie n'est pas annexée. Elle est cependant étroitement surveillée en devenant un royaume client de Rome. Les Romains placent Gauda sur le trône, étant donné qu'il est le fils légitime de Mastanabal. Marius est alors réélu consul en 105 av. J.-C. puis reçoit les honneurs du triomphe lorsqu'il retourne à Rome. Quant à Jugurtha, il meurt — sans doute étranglé — en captivité dans la prison de Tullianum vers 104 av. J.-C.
Le conflit entre Rome et le roi numide nous est surtout connu grâce à la Guerre de Jugurtha (Bellum Jugurthinum) de l'historien romain Salluste.
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juba ll fut un roi berbère de la Maurétanie (partie occidentale de la Berbérie, à partir de l'actuel Maroc jusqu'à l'actuelle Tunisie). Fils de Juba Ier, né vers 52 av. J.C et mort vers 23 ap. JC, il régna sous la tutelle romaine à partir de sa capitale Caeserea (Césarée, aujourd’hui Cherchell au centre Nord de l’Algérie).
Après la défaite de Juba Ier, César fit une entrée triomphale à Zama. Ce fut dans l'habitation de l'Aguellid défunt (roi berbère) qu'il décida du partage de l'Afrique et du sort de la famille royale. Juba II alors âgé de cinq ans à peine fut envoyé en otage à Rome où il figura, par la suite, au triomphe de César derrière Vercingétorix de Gaule et Arsinoé, sœur de Cléopâtre d'Égypte. Que devinrent les autres membres de la famille de Juba ? Les historiens n'en soufflent mot. Se sont-ils retirés dans les montagnes des Aurès ? Ou dans les villes côtières ? Ont-ils été dispersés par les vainqueurs ? Nul n'en parle à l'époque de Juba II et un mystère semblable couvre nombre de familles berbères en général et celles des aguellids en particulier.
Toujours est-il, que Juba II sera élevé dans une captivité dorée par Octavie, la sœur d'Octave, le futur empereur Auguste. Juba attira l'amitié de son protecteur qui lui offrit des occasions de se distinguer et de s'élever au rang des autres princes. Octave lui accorda le droit de cité romaine et Juba prit alors les noms et prénoms de son protecteur: "GAIUS IULIUS" et les transmit plus tard à ses affranchis, mais il s'abstint de les porter dès qu'il reçut le titre de roi.
Il participa probablement à la campagne d'Orient de 31 à 29 contre Cléopâtre et Marc Antoine, et sûrement à celle d'Espagne de 26 à 25 où Octave apprécia sa fidélité et son adresse. Ce fut au retour de cette campagne qu'il reçut en récompense une partie des États de Bocchus et Bogud en sus de ce qu'il restait du royaume de son père.
A la 6ème année de son règne, en 19 av. J.C, il épousa Cléopâtre Séléné (la gréco-égyptienne), fille de Cléopâtre reine d'Égypte et de Marc Antoine, qui fut élevée avec son frère jumeau Alexandre Hélios par la sœur d'Octave. C'est cette même Octavie, épouse répudiée de Marc Antoine, qui avait élevé Juba II. Cléopâtre Séléné fut couronnée à son tour en raison de son ascendance maternelle et fut officiellement associée au pouvoir sans qu'il y ait toutefois partage territorial d'autorité. Ce territoire, malgré certaines amputations au profit des colonies romaines, s'étendait donc de l'Atlantique à l'Ouest, à l'embouchure de l'Ampsaga (Oued el kebir) à l'Est et comprenait les régions de Sétif au sud ainsi qu'une partie des territoires des Gétules du Sud-Est algérien et tunisien.
Le rétablissement de ce vaste royaume, supérieur en superficie à celui de Massinissa dans ses grands jours, ne constituait pas pour autant un recul dans la politique coloniale romaine. Il marquait seulement une pause. Auguste abandonnait moins à Juba la propriété que l'usufruit de son royaume, disposant des territoires, les divisant, les morcelant à sa guise, sans que le roi numide ne manifestât la moindre résistance, tellement son esprit, par l'éducation qui lui avait été dispensée, était obnubilé par l'obédience à Rome.
Mais il est vrai que son fond berbère ne disparut pas, et Juba II s'intéressa tout de même à ses origines et à l'étude du libyque et du punique, langues de culture de ses ancêtres. Cet intérêt d'ordre culturel ne fut pas accompagné de patriotisme et jamais Juba ne ressentit ce sentiment patriotique pour lequel luttèrent et moururent tant de Numides et de Maures.
En renonçant à l'annexion de la Maurétanie, l'empereur savait ce qu'il faisait: avec Juba II à la tête de ces vastes territoires où se sont enracinés de nombreuses colonies romaines indépendantes du roi, il pouvait, sans crainte, confier l'administration des indigènes à un chef "indigène" qui, plus habilement que des fonctionnaires romains, saurait maintenir la paix. L'Afrique continua donc à pourvoir Rome de ses produits divers en général et agricole en particulier.
Les loisirs que lui laissait l'administration de son royaume, Juba II les consacrait à l'étude et bientôt, il acquit dans les sciences et dans les lettres une grande réputation.
Toujours désireux de connaître ses origines, il fit remonter sa généalogie jusqu'à Hercule qui épousa la Libyenne Tingé (Tendja) veuve d'Antée de la légende grecque.
IL fit construire de nombreux édifices publics, des places ou forums, des théâtres, des thermes, des temples, des jardins publics… Beaucoup de vestiges confirment la grandeur de Juba II qui possédait une grande puissance de travail et d'assimilation (sculpture, architecture…) Son œuvre était d'une grande valeur mais ne fut pas conservée par le temps bien qu'elle ait permis à plusieurs écrivains grecs et latins d'y puiser leur documentation tant elle était riche.
Il expédiait de nombreux copistes dans les capitales du monde civilisé pour lui rapporter les découvertes des penseurs de l'époque, nonobstant cela, il organisa des expéditions chargées de découvrir les sources du Nil et d'étudier l'archipel des Canaries.
Il écrivit un traité sur son pays natal intitulé Libuca; en trois volumes, contenant géographie, histoire naturelle, mythologie, croyances de toutes sortes…
Il laissa des écrits sur les Assyriens, l'Arabie, les plantes, l'histoire romaine… Sans doute était-il dans cette quête de ses origines et voulait-il laisser ce qu'il lui manquait…
Très connu des Grecs et des Romains en tant que savant, artiste, homme de lettres, auteur de plusieurs traités sur les lettres, la peinture, le théâtre, l’histoire, la géographie et la médecine. Il fut à l’origine de la découverte de l’euphorbe (à laquelle il a donné ce nom, qui était celui de son médecin personnel) et son traité sur cette plante inspira, plus tard, plusieurs médecins grecs.
Ses manuscrits furent autant de références pour plusieurs historiens grecs, tels que Tite-Live, Alexandre de Milet, Diodore de Sicile. Plaine qui le citait dans ses livres dit de lui « qu’il était encore plus connu pour son savoir que pour son règne ».
Les Grecs lui érigèrent une statue auprès de la bibliothèque du gymnase de Ptolémée à Pausanias. Son règne fut marqué par son sens de la démocratie et l'attention qu'il eut pour son peuple.
Son épouse Cléopâtre Séléné, n'oublia jamais quant à elle ses origines grecques et égyptiennes, elle obtint de Juba qu'ils soient tous deux ensevelis dans un édifice funéraire semblable aux pyramides d'Égypte.
Ce qui amena le roi à faire construire ce tombeau proche de Tipasa appelé de nos jours (pour des raisons que l'on ignore) "le tombeau de la chrétienne". Il allie le tumulus funéraire berbère à la pyramide égyptienne par sa forme extérieure (forme cylindrique couvrant une base carrée et coiffée d'un cône en gradins).
Son fils et successeur Ptolémée de Maurétanie poursuivit en partie la politique de son père, mais n'hérita pas des vertus de celui-ci.
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AKSEL
(ou Kusila)
Prince amazigh du 7eme siècle après J.C, chef de la résistance à la conquête arabe
Son nom est orthographié de différentes façons par les auteurs musulmans: Kosayla, Qosayla, Kusila. On l'a rapproché du nom latin Caecilianus, Cécilien, prononcé Kekilianus et entendu par les arabes Kacilia. C'est une hypothèse vraisemblable quand on sait que Kusila était chrétien, mais son nom peut aussi provenir du amazigh. Les dialectes amazighs de l'Aurès, dont était issu Kusila, connaissent encore une racine KSL dont dérive aksil, le nom du guépard. Un autre nom amazigh du guépard, aghilas / ghilas, est bien employé comme nom propre au mont Chenoua, à l'ouest d' Alger.
Kusila était le chef de la puissante tribu des Awraba qui occupait toute une partie des Aurès. il avait d' abord combattu les Arabes, mais battu à la bataille d' Al Alurit, aux sources de Tlemcen, il fit sa soumission et se convertit à l'Islam (675). il réussit à gagner la confiance du chef musulman Abû al Muhadjîr Dinâr et devint même l'un de ses proches collaborateurs.
En 681, 'Uqba Ibn Nafi'ê, le fameux conquérant de l'Afrique du nord, rappelé quelques années plus tôt en Orient, revint au Maghreb. Il se vengea de son successeur Abû Dinâr et traita avec dureté Kusila qui était pourtant musulman. Il le fit couvrir de chaînes et le traîna comme un trophée vivant dans sa chevauchée à travers le Maghreb.
"Parmi les traits insultants qu'il se permit envers lui, on raconte le suivant: il venait de recevoir des moutons et, voulant en faire égorger un, il ordonna à Kusila de l'écorcher" " Que Dieu dirige l'émir vers le bien! dit le chef amazigh. J'ai ici mes jeunes gens et mes serviteurs qui pourront m'éviter cette peine. " 'Uqba y répondit par des paroles offensantes et lui ordonna de sortir: Kusila se retira avec colère et ayant égorgé le mouton, il essuya sa main encore sanglante sur sa barbe. Quelques Arabes s'approchèrent alors et lui dirent: "Que fais-tu amazigh ?" A quoi répondit: "Cela est bon pour les poils" Mais vieillard d'entre les Arabes passa et s'écria : " Ce n'est pas pour cela, c'est une menace que ce amazigh vous fait !" Alors, Abû Muhadjîr Dinâr S'adressa à 'Uqba et lui dit: "Que viens-tu de faire ! Voilà un homme des plus distingués parmi son peuple, un homme qui était encore polythéiste il y a peu de temps et tu prends à tâche de faire e la rancune dans son cœur ! Je te conseille maintenant de lui faire lier les mains derrière le dos, autrement tu seras victime de sa perfidie. " " (D'après al Nuwayrî.)
Kusila réussit, en effet, à s'enfuir et à rejoindre ses hommes. Il abjura l'Islam et, s'alliant aux byzantins, il reprit, à la tête d'une grande armée, guerre contre les Arabes.
Il surprit 'Uqba près de Tehuda, non loin de Biskra et, après une terrible bataille, il le tua ainsi que la plupart de ses hommes (633).
Kusila marcha alors sur Kairouan, la place forte des arabes et l'enleva. Il berbérisa son nom en Taqirwant et en fit sa capitale. Il se fit couronner et régna pendant cinq ans, de 633 à 638. Son autorité fut reconnue par tout le monde et, de l'avis même des auteurs musulmans, il traita avec justice ses sujets amazighs et Arabes et laissa ces derniers pratiquer librement leur religion. Cependant, Kusila ne réussit ni à regrouper les amazighs ni à créer un État. En 638, le calife' Abd al Malek envoya des renforts avec, pour mission de reprendre Kairouan. Zuhayr Ibn Qays, ancien compagnon de 'Uqba, marcha sur Kusila. Celui-ci, devant l'importance des forces ennemies, se replia, appelant à l' aide les tribus de l'Aurès et les Byzantins, mais il ne reçut pas les renforts attendus. A la fin, les Arabes, plus nombreux, remportèrent la victoire. Kusila fut tué et les amazighs qui avaient échappé au massacre furent dispersés. Ainsi prit fin la résistance de Kusila. Mais quelques années après, les Aurès s'enflammèrent de nouveau, avec cette fois-ci, une femme à la tête de la résistance: Kahina.
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La Reine Dihya (dite Kahina).(?- 704) Histoire d'une grande reine amazighe
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La Reine Dihya (dite Kahina).
(?- 704)
Histoire d'une grande reine amazighe.
Introduction.
Jamais sans doute un personnage historique n'a fait l'objet de tant d'interprétations. La reine Dihya est en effet plus qu'une reine au comportement exemplaire et héroïque. Elle est un symbole de résistance, et habite l'imaginaire des Imazighen. Son nom n'est même pas bien établi : elle s'appelait peut-être Dahya, Damya ou Kahia.
Bien des interprétations la concernant ne sont pas sans arrière-pensées idéologiques. Pour les Occidentaux, il s'agit d'une reine mythique, comme s'il fallait minimiser son combat. On la dit chrétienne dans le même but, comme si elle présageait de la domination coloniale, alors qu'elle fut au contraire l'exemple du refus de la soumission. Les historiens arabes la surnommèrent Kahina, ce qui veut dire la prophétesse, au sens noble, mais aussi péjorativement la devineresse, la sorcière pour certains. Certains la déclarèrent de religion juive pour montrer qu'elle était une ennemie de la foi musulmane, ce qu'elle fut effectivement, mais certainement pas en termes religieux. Quant aux juifs, ils l'admirèrent, faisant un parallèle avec Déborah, la princesse mythique qui réveille le peuple(1). Les Imazighen eux-mêmes ont sans doute exagéré le personnage, puisqu'on lui prête parfois l'âge, de toute évidence très exagéré, de 127 ans à sa mort !
Dans cette page nous avons voulu avant tout faire la part de la réalité historique si difficile soit-elle à connaître et les légendes. Dihya est effectivement un exemple de courage hors du commun. Chef politique hors pair, elle était aussi une femme qui su protéger ses enfants.
Le nom Dihya ou Kahina
Dihya, Dhaya ou Damya ? Les sources divergent et on ne connait pas son vrai nom. Si on retient Damya, ce prénom vient sans doute du verbe edmy en tamazigh, qui signifie devineresse. En Chaouias Tacheldit, Dihya signifie "la belle". On a souvent appelé la reine Dihya Tadmut ou Dihya Tadmayt. Tadmut/Tadmayt signifie gazelle. Les imazighen avaient coutume de prendre comme prénoms, des noms animaux. Dyhia Tadmut pourrait signifier tout simplement "La belle gazelle".
En ce qui concerne le surnom de Kahina, il est manifestement arabe. Cependant, si certains historiens arabes et juifs la décrivent comme un personnage haïssable, il n'est pas certain qu'il soit péjoratif. Kahina a été souvent interprété comme signifiant sorcière. La réalité est différente. A, l'origine, le terme, qui donne aussi les prénoms féminins Karine et Karina, signifie en grec "être pure". De là en Hébreu, la dérivation Cahen, Cohen, qui signifie prêtre ou prêtresse, donc homme ou femme pur et le prénom français Corinne qui signifie femme pure. On sait qu'en Afrique du Nord, toutes les prêtresses subissaient un rituel de purification, qui semble être une tradition d'origine animiste. En arabe, le dérivatif Taher, qui vient de Kahin, a le même sens. Ce surnom s'appliquait aux prophètes et poètes avant l’islam et il n'est pas péjoratif. Il n'est pas étonnant que Dihya se soient vu donner à la fois les qualités de Reine et de Prêtresse. Les anciens Aghellid, c'est à dire les rois, avaient aussi un pouvoir spirituel.
Les origines de Dihya.
On ne sait presque rien de son origine. Nous ignorons sa date de naissance. Ce qui est certain, c'est qu'elle originaire de la tribu Djawara ou Jeroua donc une tribu Zénata, dont le mode de vie était pastoral et semi-nomade.
Elle est peut-être la fille de Mélag, Roi des Aurès. Selon Ibn Khaldoun, elle serait une Zénata de la branche Madaghis (ou Badaghis). Sa généalogie serait la suivante : Louwa le Grand ---> Nefzawa ---> Banou Yattofene ---> Walhassa --->Dihya.
Ces hypothèses contradictoires ont au moins deux points communs. La reine Dihya était une noble et elle était originaire de l'Aurès, sans doute descendante d'une très ancienne lignée amazighe. Ceci explique comment elle parvint à la royauté. Il semble que son pouvoir lui fut donné par un conseil de tribus, ce qui était courant à l'époque. Grâce à son intelligence remarquable, elle organisa une confédération, regroupement de tribus, ce qui était courant face à un péril grave. La légende dit aussi qu'elle aurait été d'une beauté éblouissante. Ce genre de description, basé sur l'admiration, doit être pris avec circonspection. Il est courant de magnifier un personnage important, et à plus forte raison une femme, par la beauté. On sait que c'est à un âge avancé qu'elle est amenée à lutter contre les musulmans. Elle était sans doute âgée au moins de quarante ans (plus probablement cinquante ou soixante ans, on ne sait).
La religion de Dihya
On ne sait pas précisément sa religion. Peut-être fut-elle chrétienne ou juive, mais elle a pu être également animiste. Ce point est très controversé. Nous donnons ici quelques éléments de discussion. C'est Ibn Khaldoun qui émet l'hypothèse qu'elle était juive. Mais on peut raisonnablement penser qu'elle était animiste :
L'histoire des juifs d'Afrique du Nord est relativement bien connue à cette époque. Les communautés étaient très restreintes. Elles étaient acceptées, mais on ne voit pas comment une reine juive auraient pu avoir le pouvoir. Il n'y a jamais eu de rois ou de reines juifs dans les Aurès d'après les documents historiques. Par ailleurs l'invasion musulmane fut accompagnée de l'implantation de juifs, qui assumaient les métiers interdits aux musulmans : banquiers, certains métiers du commerce, et surtout forgerons. Ces métiers étaient absolument indispensables à l'armée musulmane, et à l'administration des territoires conquis. L'Islam, à cette époque, les protégeait. Si Dihya avait été juive on ne voit pas pourquoi elle aurait combattu les musulmans. Ce n'est pas pour rien que les historiens juifs l'ignorent ou, au contraire, la décrivent comme une redoutable ennemie. Il nous semble plus logique de penser que lorsque Ibn Khaldoun la dit juive, il veut tout simplement dire qu'elle appartenait à une religion existant avant l'Islam. On a qualifié à tort la reine touarègue Ti Hinan de chrétienne de la même manière. La découverte de son tombeau a montré que cette reine était animiste. Quelque soit la rigueur d'Ibn Khaldoun, on peut penser qu'il n'avait pas les moyens de déterminer exactement, plusieurs siècles après, la religion de Dihya.
Prétendre qu'elle fut chrétienne se heurte à d'autres difficultés. A cette époque, le christianisme s'était effondré depuis longtemps en Afrique du Nord. Le seul royaume chrétien restant était celui des Djeddars, dont on ne sait pas grand chose sinon que les Byzantins cherchèrent sans succès à s'en faire un allié. Les Byzantins tentèrent d'imposer un christianisme d'état, ce qui provoqua une guerre entre eux et les Imazighen qui dura plusieurs siècles. Or, les Imazighen laissent au départ musulmans et byzantins s'entretuer. Si elle avait été chrétienne, Dihya se serait probablement alliée au Byzantins, d'autant que la révolte de Koceilia contre les musulmans, quelques dizaines d'années auparavant, devait encore être dans toutes les mémoires.
On a affirmé aussi que Dihya était adoratrice de Gurzil, une divinité amazighe représentée par un taureau. Si le culte du Taureau, symbole de virilité et de puissance, est connu en Afrique du Nord dans l'Antiquité, aucun élément historique ne prouve que Dihya en fut une prêtresse.
On peut donc penser que Dihya était très probablement animiste, mais sans que l'on connaisse vraiment le culte auquel elle appartenait. Cependant, faute de preuves archéologiques, nous nous garderons bien de nous avancer plus. Selon la légende, elle vivait dans un somptueux palais. A plusieurs reprises, on a pensé l'avoir trouvé, mais apparemment sans succès pour l'instant.
Éléments historiques
Voici ce qui généralement est admis par les historiens de l'histoire de Dihya:
A son époque, une guerre oppose les musulmans, dirigés par Hassan d'Ibn en Nu'man, les chrétiens byzantins, qui tentent de préserver leurs possessions dans cette région, et les Imazighen, habitants des lieux. Ces derniers sont d'abord divisés sur la conduite à tenir. La Reine Dihya parvient à les rassembler, par son pouvoir de conviction et sa grande intelligence pour lutter contre l'invasion musulmane. Le résultat ne se fait pas attendre, puisqu'en 697, sous son commandement, ils écrasent l'armée d'Ibn en Nu'man. Celui-ci doit livrer bataille près de l'Oued Nini, à 16 km d'Aïn al Bayda. Les troupes imazighen font tant de victimes que les Arabes appelèrent le lieu "Nahr Al Bala", ce qui se traduit par "la rivière des souffrances". On dit que la rivière était rouge du sang des combattants arabes. Après cette victoire les Imazighen poursuivent les musulmans, et les obligent à se réfugier dans la place forte de Gabès. Le calife Malik rappelle alors ses troupes en Tripolitaine (l'actuel nord de la Libye).
Ibn Khadoun donne dans sa version des détails étranges sur cette première bataille. Il prétend notamment que les Imazighen auraient posséder des chameaux de combat. Si cela a été le cas, ceci signifie qu'ils étaient alliés à une tribu saharienne, ce qui n'est pas établi. Si de telles alliances sont connues lors de la lutte contre les byzantins, dans les siècles précédents, elles ne sont pas établies lors de l'invasion musulmane. Il indique également que les Imazighen auraient capturé quarante musulmans et les auraient laissé rejoindre leur camps, à l'exception de Khaled, que la reine aurait décidé d'adopter. Ce récit lyrique très beau, reste lui aussi sujet à caution. On ne comprend pas pourquoi les Imazighen n'auraient pas gardé les musulmans en otage, pratique courante à l'époque.
Après cette défaite cuisante, les musulmans décident de concentrer leur effort de guerre contre les chrétiens byzantins. En 695, les Byzantins reprennent Carthage aux musulmans. Ils y restent seulement trois ans, avant d'en être définitivement chassés en 698. La même année, Ibn en Nu'man fonde Tunis. En fait, les Byzantins sont obligés de lâcher prise, préoccupés par des tensions au nord de leur empire. La montée en puissance des royaumes chrétiens européens constituent en effet une menace pour eux encore plus grave que l'invasion musulmane.
Le royaume de Dihya reste alors le seul obstacle contre la progression des musulmans à l'ouest et Hassan Ibn en Nu'man reprend l'offensive contre les Imazighen. Conscient de la forte résistance qu'il va rencontrer, il entreprend une conquête systématique du pays. Possédant Carthage et la nouvelle ville de Tunis, il dispose enfin de solides bases arrières. Dihya se trouve alors forcée d'appliquer une politique de terres brûlées. Devant eux, les musulmans ne trouvent qu'un pays détruit. Une partie de la population n'apprécie pas cette politique, encore que ceci ne soit pas historiquement prouvé. Ibn Al Nu'man en tire partie : il obtient des renforts du calife Abd al-Malik en 702. Son armée compte alors probablement plus de 50 000 combattants. Face à une telle force, Dihya n'avait d'autre choix que cette politique désespérée.
Après deux ans de guerre, la bataille finale a lieu en 704, à Tabarqa. Dihya envoie auparavant ses deux fils rejoindre le camp musulman, afin de préserver les intérêts de sa famille. Ceci signifie que, loin de se renier, elle se place au contraire comme un chef de guerre, qui privilégie son combat et se libère ainsi de toute attache familiale. Il est probable qu'elle savait son combat perdu mais loin de plier, elle accepte la mort avec un courage qui force l'admiration.
La bataille de Tabarqa est finalement gagnée par les musulmans, mais ce n'est pas victoire facile pour eux. Les Imazighen, bien que très inférieurs en nombre, opposent une farouche résistance. Ibn Khadoun décrit le combat comme particulièrement âpre et dit que les musulmans bénéficièrent "d'une intervention spéciale de Dieu". Ceci signifie que les Imazighen livrèrent sans doute un combat terrible, qui mis à mal les troupes musulmanes. Finalement, la reine Dihya est capturée et décapitée au lieu-dit Bïr El Kähina (Le puits de la Kahina). Sa tête est envoyée au calife Malik selon certains, jetée dans le puits selon d'autres(2).
Hassan Ibn en N'uman fait preuve d'un grand respect pour le peuple amazigh après sa victoire. Il ne fait pas de prisonniers et ne commet aucun pillage. Sa grande tolérance en fait d'ailleurs l'un des artisans de l'islamisation des Imazighen.
Les fils de Dihya
Les deux fils de Dihya (Ifran et Yezdia) avaient rejoint le camp musulman avant la bataille. Certains auteurs ont vu là une trahison de leur part. C'est à notre avis une erreur, puisqu'il est clairement établi qu'ils rejoignirent le camp adverse sur ordre de Dihya, et qu'ils ne participèrent pas à la bataille de Tabarqa. Ils ne se convertirent à l'Islam et n'obtinrent un commandement militaire qu'ensuite, lorsque Hassan Ibn en N'uman se décida à conquérir le Maroc.
Selon certains auteurs, Dihya avait également un fils adoptif du nom de Khaled, un jeune arabe fait prisonnier lors de la bataille de l'Oued Nini, qu'elle aurait adopté. Même si on ne peut totalement exclure cette adoption, cette thèse nous semble douteuse, et la description qu'en donne Ibn Khaldoun sujette à caution. Il a en effet affirmé qu'elle partagea le lait de son sein entre Khaled et ses deux enfants légitimes, ce qui semble impossible pour une femme âgée. Mais il se pourrait qu'il décrive une cérémonie d'adoption qui était alors en vigueur, ou la femme montrait son sein au fils adopté.
Conclusion.
Longtemps encore, Dihya et ses fils susciteront des légendes. Ceci est sans doute dû autant à sa détermination de femme, insoumise jusqu'au sacrifice d'elle-même qu'à la protection qu'elle donna jusqu'au bout à ses fils, en mère exemplaire. Symbole des femmes imazighen, elle est aussi le symbole de toute une culture, à l'égal de Massinissa et de Jugurtha
1) La Bible, Livre des Juges V, Cantique à Déborah, l'un des plus beaux et des plus anciens cantiques de l'Ancien Testament.
(2) Cette deuxième version nous semble la plus crédible, l'usage des musulmans dans la guerre étant d'en finir vite avec leurs ennemis. L'envoi de sa tête au calife, qui fait penser à une sorte de tête de Méduse, donc maléfique, est probablement une invention de commentateurs. En revanche, en son souvenir, de nombreux puits seront ensuite nommé "puits de la Kahina" un peu partout en Afrique du Nord.
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